Santé mentale: les premiers secours
Illustration par Coeur Deciel, illustratrice mindstyle
Bonjour et bienvenue ! Je suis Coeur Deciel, une illustratrice mindstyle fascinée par le développement de soi.
Joy Addict, c’est une prise de parole qui invite à la bienveillance et à l’humilité. Aujourd’hui, je parle de délicatesse, de rhume, mais surtout de premiers secours en santé mentale.
Délicatesse: bonjour et bienvenue
Si je devais illustrer la nécessité d’informer la population et de former a minima les agents de lieux de soin aux premiers secours en santé mentale, je le ferai avec l’exemple suivant.
Un soir de l’été 2020, alors que je buvais quotidiennement et depuis plusieurs mois la tasse de la dépression et que je menaçais justement de m’y noyer, je me suis résolue à appeler les urgences. J’étais complètement perdue, sans ressource (le covid et la période de vacances d’été ne faisaient pas un cocktail hyper cool dans ma prise en charge), et j’avais l’impression que j’allais clamser de mal-être.
A l’accueil de l’hôpital, on me passe une personne des urgences et j’explique mon cas, meurtrie de honte. Réponse de la personne au bout du fil: « Ok mais vous voulez vous suicider immédiatement ou vous pouvez attendre jusqu’à demain? »
Autant dire que je ne m’attendais pas à ce type de réponse (surtout que, même grammaticalement, ce n’était même pas une réponse mais une question!).
On soignera jamais la dépression comme on soigne un rhume
Orelsan, chanson Jour meilleur
J’imagine que la personne des urgences que j’ai eu au téléphone ce jour là était hyper douée en soin des rhumes. Mais je ne l’ai pas trouvée très outillée en santé mentale.
Et mon cas n’est pas isolé: quand j’étais soignée dans des structures spécialisées, j’ai entendu des dizaines de récits du même type.
Illustration par Coeur Deciel, illustratrice mindstyle
Tout change
Rien n’est constant. Et si c’est vrai pour la joie, c’est aussi vrai pour le mal-être. Ca peut paraître léger comme affirmation, mais ça comporte l’espoir d’un mieux très précieux à avoir près de soi quand on a l’impression d’avoir écopé perpet’ dans un cachot qui pue la détresse.
Aller mieux c’est possible, ça peut passer par une thérapie, par des médicaments, par plein de trucs en fait.
Les proches
J’ai une pensée pour toutes les personnes qui assistent à la souffrance de leurs proches et qui se sentent démunies. Je partage mon top 3 des fausses bonnes idées:
-proposer de l’alcool. Je ne compte plus les « Mais viens boire un coup avec nous, ça va aller mieux ». D’accord, l’alcool déshinibe ce qui peut être confortable à court terme. Mais une fois l’alcool éliminé par le corps, la situation reste la même. Et après une cuite, la descente va faire mal. Très mal.
-inviter à se détendre et/ou à relativiser et/ou à prendre du recul et/ou à être heureux·e. Imaginons suggérer à une personne qui aurait les deux jambes cassées de courir: on a à peu près autant que chance que ça marche (je me suis rendue compte après de ce jeu de mots involontaire) dans le contexte de santé mentale aussi.
-inciter à ne pas prendre les médicaments prescrits et/ou à les arrêter brusquement pour se sortir de la maladie. Si des médicaments sont proposés par un docteur c’est qu’il y a pas mal de chances pour que d’autres options plus naturelles aient été imaginées avant. Et en ce qui concerne l’arrêt brutal, c’est à n’utiliser que si vous n’aimez pas du tout le proche en question ou que vous avez envie de vous vengez très très fort. (Ceci est de l’humour très décalé)
Dans mon top 3 des choses concrètes qui font du bien:
-écouter. Vraiment écouter, sans ramener à soi, sans mettre en doute la parole, sans essayer de réparer à la place de celui ou celle qui souffre. Écouter, reformuler, poser des questions et écouter encore et encore.
-proposer de l’aide. Qu’est-ce que je peux faire pour soulager ce que tu vis? A prendre aussi en compte: quand on a le cerveau haché finement par une dépression par exemple, c’est terriblement difficile de se concentrer. Alors définir comment on va pouvoir se faire aider est parfois impossible. De ce fait, proposer des choses concrètes peut être une solution. Exemple: je peux venir pendant une heure, tel jour, faire le ménage chez toi. Ou encore: Je te propose de te ramener le goûter à telle heure et de rester même juste 30 minutes en fonction de ta fatigue.
-orienter vers des structures appropriées. En santé mentale, se soigner coûte cher. Même en France. Même aujourd’hui. Des centres médico-psychologiques existent et permettent un accompagnement gratuit par un·e psychiatre, un·e psychologue, un·e infirmier·e spécialisé en fonction des besoins de l’humain·e malade. De la même façon, des services d’urgence psychiatriques existent. Des hospitalisations jour et nuit ou uniquement de jour sont possibles.
Finalement, je veux parler du 3114. C’est un numéro de téléphone confidentiel et gratuit pour être mis en relation avec des professionnels de soin spécifiquement formés à des missions d’écoute, d’évaluation, d’orientation et d’intervention. Le 3114, c’est aussi un site internet qui offre des ressources notamment aux personnes en souffrance, aux proches, aux professionnels.
Ceci étant dit, prenons soin de nous jolies âmes!
C’était un épisode de Joy Addict par Cœur Deciel, illustratrice mindstyle. Joy Addict c’est un blog, une newsletter et désormais un podcast comme lieux de partage sur des thématiques liées au développement de soi. Si tu as aimé, je t’invite chaleureusement à partager et surtout à laisser du souffle à l’étincelle. Prends soin de toi !
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