Matrescence et Patrescence: parentalité et identité
Illustration par Coeur Deciel, illustratrice mindstyle
Bonjour et bienvenue ! Je suis Coeur Deciel, une illustratrice mindstyle fascinée par le développement de soi.
Joy Addict, c’est une prise de parole qui invite à la bienveillance et à l’humilité. Aujourd’hui, je parle de caca, de boule à facettes, mais surtout d’identité après la parentalité avec les concepts de matrescence et patrescence.
Matrescence et patrescence: signification
L’année dernière, pour l’anniversaire de ma fille aînée qui avait 5 ans, une amie m’a souhaité un bon anniversaire de matrescence. Je connaissais le terme, mais on ne m’en avait jamais souhaité une bonne célébration.
La matrescence (la patrescence existe aussi), c’est un concept qui définit le changement d’identité global à l’arrivée du premier enfant. Ce terme prend aussi en compte des changements physiques et psychologiques liés à ce bouleversement.
Le 8 avril, ma fille fêtera ses 6 ans. À propos, est-ce que c’est normal de me dire que c’est une étape de dingue parce qu’elle aura désormais besoin de ses deux mains pour montrer son âge? Bref, de mon côté je fêterai mon 6e anniversaire de matrescence.
Évidemment quand t'es maman, ton cœur explose et pour toujours On t'confie le rôle ultime, celui qui t'change viscéralement
Leïla Bekhti et Grand Corps Malade, chanson Le sens de la famille
Je relis cette citation, et je veux nuancer. Je ne crois plus que la matrescence est l’unique identité; celle qui gomme toutes les autres. J’ai tenté cent fois de ne me parer que de ce costume là, et ça n’a pas fonctionné. C’était comme avoir une boule à facettes mais ne faire briller une seule facette… La galère.
Et quand j’y réfléchis, j’ai l’impression que c’est en plus une facette pas comme les autres: un miroir qui se reflète sur d’autres facettes. Je m’explique: depuis que je suis mère, je ne m’accorde plus comme avant l’imprudence. En situation de danger, qui ne me concerne que moi, je ne suis plus uniquement terrifiée pour moi, mais également pour ma jolie marmaille.
Ce qui a changé chez moi, c’est qu’à présent, je suis consciente de l’impact de ma vie sur la leur. De ce fait, sans pour autant me priver de tout, je suis plus sélective sur les dangers que je chatouille. Par exemple, je ne reproduirai plus la fois où, au Népal, j’ai trouvé très intéressant de prendre le taxi en m’asseyant sur le TOIT du taxi et non pas sur le siège DANS le taxi. Alors même si sur le siège il n’y avait pas de ceinture de sécurité, je suppose que j’aurais quand même été davantage en sécurité à l’intérieur.
Illustration par Coeur Deciel, illustratrice mindstyle
Lien de cause à effet
Les premiers jours de vie de Rose, j’ai la sensation d’avoir d’une certaine façon « joué » à la maman, sans me sentir l’être pour autant totalement. Je savais que cet enfant était MA responsabilité, l’humaine que je voulais aider à s’outiller, mais je manquais d’expérience. Je répétais ce que j’avais pu lire dans les livres ou encore entendu des conseils des sages-femmes pour me comporter avec mon nouveau-né.
Je réalise que le passage entre jouer à la maman et me ressentir pleinement maman s’est fait dans la conséquence. Au delà des soins que je lui prodiguais parce que je comprenais leur importance, il y a eu l’étape d’expérimenter les conséquences d’un oubli, ou d’un accident.
Je suppose qu’il faut goûter au merdier que c’est de devoir trouver un médecin un samedi soir à 17h pour se rendre compte à quel point il est important, dès les premiers signes de maladie le vendredi midi, d’arranger un rendez-vous médical le jour même.
Pressions sociétales et personnelles
Être parent c’est se voir proposer un moule par la société. La question est: est-ce que ce moule est bon pour moi et pour mon enfant? Je lisais récemment un article où Agnès Jaoui s’exprimait sur le concept de mère sacrificielle et de son impact néfaste.
Ce concept de mère sacrificielle me parle beaucoup parce que pendant tout un temps, j’ai cru que ce modèle était l’unique possible. Le seul qui permettait à l’enfant de se sentir aimé, entendu. L’unique qui permettait à l’enfant d’être élevé en prenant en compte sa juste valeur. Il m’aura fallu plusieurs années pour réaliser que ce modèle ne faisait que fantasmer un pansement pour ma propre blessure.
Mon plus grand défi de parent est de faire preuve de discernement. Surtout concernant les besoins de mes enfants. Faire la différence entre leurs besoins et les miens.. Un exemple qui parlera à beaucoup je pense, c’est celui, en tant qu’enfant, de devoir enfiler un pull quand notre parent a froid…
Les modèles parentaux changent. Ce qui était toléré voire préconisé il y a 5 ou 10 ans, ne l’est plus aujourd’hui. Je comprends qu’une partie de l’explication est à trouver auprès de l’évolution de l’espèce. Cependant, je pense aussi que le développement de business autour de la parentalité accentue encore ce phénomène.
Mes années de matrescence me renvoie sans ménagement et sous forme de caca mes certitudes passées. En jet. Et sur mes belles godasses en plus. Dégueu, je s’suis au courant.
Je trouve que constater que ses anciennes certitudes à la poubelle, cela impose de l’humilité: pour bouger, changer, plier mais sans se casser.
Je pense que le gros changement qu’à apporté ma matrescence Est celui-ci: mettre de la couleur dans le monde de la parentalité -et pas que- que je me plaisais tant à figurer noir et blanc.
Cette année, je célèbre donc mes 6 ans de matrescence. C’est avec beaucoup de fierté que je peux déclarer que je le ferai cette fois-ci avec davantage d’amour pour moi-même que par le passé!
C’était un épisode de Joy Addict par Cœur Deciel, illustratrice mindstyle. Joy Addict c’est un blog, une newsletter et désormais un podcast comme lieux de partage sur des thématiques liées au développement de soi. Si tu as aimé, je t’invite chaleureusement à partager et surtout à laisser du souffle à l’étincelle. Prends soin de toi !
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