8 novembre 2023

Images et représentations: quand l’illustration devient engagée

A woman’s shade is tangled up in a flying balloon’s string

Illustration Sortir de la torpeur, Coeur Deciel

Bonjour et bienvenue ! Je suis Coeur Deciel, une illustratrice mindstyle fascinée par le développement de soi.

Joy Addict, c’est une prise de parole qui invite à la bienveillance et à l’humilité. Aujourd’hui, je parle d’horreur, de Vol au dessus d’un nid de coucou mais surtout des représentations mentales et en quoi l’illustration peut être engagée.

Soirée Halloween « hôpital psychiatrique »

J’ai tiqué. Pour tout dire, j’ai même sérieusement tiqué. Et puis ça m’a frustrée à en avoir une suée d’énervement pas très agréable d’ailleurs. Pourquoi donc?

Et bien parce que j’ai le sentiment que cette soirée Halloween, donc pré-supposée effrayante véhicule une image erronée de la psychiatrie. Si j’en crois l’image qui était associée à l’évènement, un hôpital psychiatrique renferme des êtres démoniaques tout droit sortis de films d’horreur.

Si si (rien à voir avec la paillette, t’as la réf?).

Je vous confie ici un truc : pendant quelques minutes, j’ai été embarrassée d’être chiffonnée par cette histoire. Eh oui, j’étais -avant même de réussir à formuler tout cela à voix haute- glacée à l’idée de partager mon ressenti et d’entendre en retour des remarques du type: « Oh, cette société où l’on ne sait plus rire » ou encore : « Non mais relax, on s’en fout c’est qu’une soirée ».

J’entends, mais…

« Y a des humains derrière les regards »

Mais ce qui me tracasse c’est que j’ai la conviction que ce type de publicité (erronée d’ailleurs, mais j’y reviendrai dans quelques instants) participe à rendre difficile l’accès aux soins. Qui aurait envie d’aller se soigner dans une cuve à monstres?

Il suffit d’ailleurs d’entendre les remarques des proches lorsqu’un médecin prescrit un anti-dépresseur ou un anxiolytique: « Mais prends pas ça ! T’en es pas à ce point là quand même. T’es pas folle non plus ! Tu vas devenir un zombie avec ces conneries ».

Cette représentation sur la santé mentale est à mon sens terriblement dangereuse.

Se soigner, cela passe parfois par la prise de médicaments. Être malade, c’est aussi parfois avoir besoin de soins constants et donc se faire hospitaliser.

Une personne tient une loupe à travers une fissure dans un mur de briques

Illustration par Cœur Deciel

Retour d’expérience d’un séjour dans un nid… sans coucou

Quand j’ai compris que les soins de psychothérapie en Visio (la période Covid l’obligeait alors) et les médicaments prescrits par mon médecin traitant ne suffisaient pas à me retenir de glisser toujours plus dans ma dépression; j’ai réalisé que mes solutions vers la guérison n’étaient plus très nombreuses. Un rendez-vous matinal dans un centre médico psychosocial (CMP) semblait sonner le glas. On me proposait, pour l’après-midi même, une hospitalisation dans un service d’urgences psychiatriques.

« La loose » je me souviens avoir pensé. La grosse putain de honte même ! Dans le carnet de notes qu’on m’avait alors encouragé à tenir, j’avais même inscrit à la date du jour : « Arrivée dans le nid de coucou », en référence au film Vol au dessus d’un nid de coucou. Spoiler alert, ce film ne donne pas une image très professionnelle de la psychiatrie. Encore moins humaine.

Je partage mon expérience ici et je souhaite de toutes mes forces que cela serve à d’autres : après un séjour de plusieurs jours aux urgences psychiatriques, une hospitalisation complète de plusieurs mois dans un service de santé mentale et quasiment une année dans un hôpital de jour; je n’ai vu aucun monstre; ni aucun coucou d’ailleurs.

Ce que j’ai vu c’est… (suspens)… des humains malades. Dans un hôpital, je suppose que c’est a priori logique ! Et quasiment tous étaient très surpris de se retrouver dans un hôpital labellisé psychiatrique. Je ne compte plus les : « J’aurais jamais cru me retrouver ici! » glissés aux moments des temps en commun.

Aujourd’hui prescription spéciale : des images qui collent à la réalité

Les représentations mentales sont puissantes. Et c’est une des raisons pour lesquelles je suis si reconnaissante et honorée de pouvoir, par mon métier d’illustratrice, contribuer à redéfinir certaines lignes.

La perception est un véritable enjeu de société. Et dans plein de domaines !

Je suis une enfant des 80’s, et je me rappelle des représentations sur les femmes qu’on nous servait à chaque repas -et même en dehors-, sans la moindre gêne.

Si vous aussi vous êtes de cette génération (et même si vous êtes plus récents sur la frise du temps d’ailleurs), vous les connaissez les: « Oh, c’est pas grave, c’est qu’une boutade. Ah bah si on ne sait plus rire maintenant! ».

Sauf que se moquer de quelqu’un ou de quelque chose, sans fondement, alors même que cela perpétue une inégalité ou une discrimination? Alors sorry but not sorry; je n’achète pas.

Parce que pour revenir à nos moutons (et non pas à nos coucou, z’avez suivi?), l’hôpital psychiatrique c’est un espace de soins; c’est-à-dire que l’objectif c’est de soigner.

Et pour vous en mettre plein les mirettes d’images réalistes d’hôpitaux psychiatriques, je vous dépeins ici des sourires timides et sincères (quel intérêt de faire semblant quand on a l’impression d’avoir tout perdu?!), une tasse de café décaféiné bien fumante, des regards de sympathie et encourageants, une main qui prend la vôtre pour vous rappeler que lorsque tout s’écroule à l’intérieur, il reste autour de l’aide à attraper.

Bien sûr que tout n’est pas lisse et agréable dans des lieux de soins (si on y va pour se soigner c’est qu’il y a un cheveu dans la soupe ou une c****** dans le pâté. Une souffrance en résumé ! Et c’est à mon sens cette souffrance là qui est flippante, moche, détestable, écoeurante.

Tellement, que j’étais presque prête à vous proposer pour les prochaines années, des soirées Halloween de la souffrance. Parce que parfois, ça, ça relève franchement de l’horreur. Mais j’ai dit « presque ». Presque, parce que la souffrance aussi dégueulasse soit-elle, reste un messager. Et vous savez ce qu’on dit: Don’t shoot the messenger.

C’était un épisode de Joy Addict par Cœur Deciel, illustratrice mindstyle. Joy Addict c’est un blog, une newsletter et désormais un podcast comme lieux de partage sur des thématiques liées au développement de soi. Si tu as aimé, je t’invite chaleureusement à partager et surtout à laisser du souffle à l’étincelle. Prends soin de toi !

4 Responses

  1. Jess dit :

    Gé-nial!

    J’ai vraiment adoré ta façon d’aborder un sujet aussi intime et pas simple avec tant de légèreté et d’humour.
    Ta voix est très agréable à entendre.
    Tu es faite pour les podcasts !

    1. Merci du fond du cœur Jess ! Je suis ravie que cet épisode ne t’ait pas semblé trop lourd. Je suis consciente que c’est un sujet assez « heavy ». Comme l’objectif est de partager voire d’informer, c’est super important pour moi que cela reste léger et plein d’espoir 🙂

  2. Camille dit :

    Tout à fait d’accord avec toi. Il faudrait qu’ils fassent une série télévisée dans un hôpital psychiatrique comme ils font pour les hôpitaux généralistes. Pour que les gens aient une autre vue de cet endroit plutôt que ce qu’ils voient dans les films qui sont souvent des clichés d’anciens temps !

    1. Oui exactement ! <3 Justement, un film documentaire est sorti. Il s’appelle « Sur l’Adamant » et il suit un centre de jour. C’est un documentaire par Nicolas Philibert. J’ai hâte de le voir !

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4 Responses

  1. Jess dit :

    Gé-nial!

    J’ai vraiment adoré ta façon d’aborder un sujet aussi intime et pas simple avec tant de légèreté et d’humour.
    Ta voix est très agréable à entendre.
    Tu es faite pour les podcasts !

    1. Merci du fond du cœur Jess ! Je suis ravie que cet épisode ne t’ait pas semblé trop lourd. Je suis consciente que c’est un sujet assez « heavy ». Comme l’objectif est de partager voire d’informer, c’est super important pour moi que cela reste léger et plein d’espoir 🙂

  2. Camille dit :

    Tout à fait d’accord avec toi. Il faudrait qu’ils fassent une série télévisée dans un hôpital psychiatrique comme ils font pour les hôpitaux généralistes. Pour que les gens aient une autre vue de cet endroit plutôt que ce qu’ils voient dans les films qui sont souvent des clichés d’anciens temps !

    1. Oui exactement ! <3 Justement, un film documentaire est sorti. Il s’appelle « Sur l’Adamant » et il suit un centre de jour. C’est un documentaire par Nicolas Philibert. J’ai hâte de le voir !

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